Nous sommes sur la route, pour un demi tour* à la carte, concocté avec Wayan Tara, à proximité du village de Keliki,
Je ne me lasse pas du bel ordonnancement des rizières, des sourires donnés, échangés, de cette joie sereine que distille chaque parcelle de temps..
Douce intimité avec le sacré, prendre soin de son karma, ici et maintenant, partager.
Au Village de Payangan, une cérémonie se prépare. Wayan Tara raconte, les couleurs de la foi, la montagne et les dieux, la mer et les démons, les offrandes pour rendre grâce aux uns et apaiser les autres, les banyans arbres sacrés où habitent les esprits du bien, l’obligation de solidarité de chacun dans des communautés multiples.
« Forces du Bien, puissances du mal ( Dans le Grand Guide de Bali – Gallimard) :
« Depuis la nuit des temps, les gens de Bali ont conçu un univers ordonné qui s’étend depuis les cieux, au-delà des montagnes, jusqu’aux profondeurs de l’Océan. tout dans la nature a une fonction, une place, un rang : les Balinais accordent à chaque élément naturel une signification magique et spirituelle. Tout ce qui est sacré est associé à l’idée de hauteur, aux montagnes et au majestueux volcan Gunung Agunf, en amont.
Tout ce qui est mauvais ou menaçant est du domaine des forces infernales, de l’océan insondable, en aval. Les gens doivent vivre dans la sphère intermédiaire : la plaine fertile entre mer et montagne.
La nature est donc constamment divisée en deux : haut et bas, droite et gauche, jour et nuit, force et faiblesse, santé et maladie, soit d’une manière générale entre le bien et le mal, la vie et la mort. Chaque élément illumine l’autre dans l’enceinte de la création et tout le rituel Balinais consiste à jongler pour maintenir un équilibre, une harmonie entre ces deux pôles »
Dans le beau jardin du « Bali Bird Parc »,et de son pendant le bali reptile park, une promenade amusée devant de drôles d’oiseaux du bout du monde,
Beaucoup de photos floues, les oiseaux rares** ne posent pas pour moi, c’est fou.
Une démonstration de vol où deux rebelles ne se laissent pas facilement récupérer, un moment de flottement à voir la gent ailée se rebiffer : le dresseur, Indiana Jones propret, grimpe sur un muret, avec, au bout des doigts, de quoi appâter le bel oiseau récalcitrant… qui ne s’en laisse pas compter…
Sur le chemin du retour une haie d’honneur de centaines de Bouddhas, Shiva, Ganesh et autre déités au milieu desquels s’égarent quelques grenouilles, c’est le village de sculpteur sur pierre de Batulaban,
Un attroupement le nez en l’air : au milieu des feuillages j’aperçois un singe rouge, unique à Bali nous dit Wayan Tara, plus loin un singe noir se cache dans un gigantesque banyan où se dissimule une statue, mais le banyan est arbre sacré, demeure des esprits et refuge des hommes sous son feuillage, et nous ne verrons pas cet animal là.
Les curieux au pied de l’arbre, c’est parce qu’il se pourrait que le singe rouge, habitant du cimetière depuis quelque temps, soit une réincarnation d’Hanuman le dieu singe,
Je n’ai gardé en mémoire de la cascade vers laquelle nous cheminons ensuite que sa fraîcheur bienfaisante, arbres et eau de haut en bas… dans le murmure des silences.
De Keliki, une pause thé en joyeuse compagnie plus tard, Eka et Irak (né au moment de la guerre du même nom…) nous emmène en scooter au village de Petulu, voir les hérons du soir, venir par milliers se poser dans les arbres qui dominent le village.
On dit que ces aigrettes blanches sont l’âme des morts, venues se poser là, après la purge anti communiste de 1965, alors les habitants prennent soin des oiseaux, qui reviennent et reviennent encore.
Gourmande; moi, c’est au marché de nuit de Tegallalang que je reviens et reviens encore, déguster des satay ayam (brochettes de poulet sauce au cacahuètes) des martabaks (crèpes fourrées à la noix de coco, à la banane ou aus cacahuètes) ou des beignets de patates douces pour peanuts…
* demi tour : à Keliki, avec les chauffeurs-guide, on peut organiser ses excursions à la carte, comme on veut, avec qui l’on veut. Sur le tableau blanc les envies d’excursion du jour, ou du lendemain, ou même d’un peu plus tard, à partager, si l’on en a envie …
** les oiseaux rares = private joke