à 9 h du matin, Ubud est encore calme, il fait bon s’y promener, avant que le soleil ne soit trop haut, trop chaud.
S’engouffrer, dans la chaleur sombre du marché, dans le dédale des étals où se côtoient les fruits, les légumes et les paniers, les sarongs et les bouddhas, les petites vieilles édentées et les jolies poupées.
Parcourir la Monkey Forest street, ce grand U plein de petites boutiques et cafés qui n’en finit plus, la chaleur monte alors s’offrir un jus d’avocat au chocolat en contemplant les rizières que la ville n’a pas encore grignotées… après s’être offert un massage des pieds (40.000 roupies, moins de 4 €) qui donne des ailes, retourner chez ibu oka où une petite fille fait ses devoirs sous l’oeil bienveillant d’une grand mère, dans le va et vient des clients et serveuses.
Garder les yeux ouverts : derrière les murs, la sérénité d’un jardin. Les coqs sous leur cloche de bambou tressé, des statues sentinelles.
Garder les yeux ouverts et regarder où l’on met les pieds : pour ne pas piétiner les offrandes sur le sol, ni s’empaler sur un balai, ni s’étaler sur la pavé un rien disjoint….
Dans le café où je me suis arrêtée, une jolie serveuse s’en va munie d’une perche récolter des mangues pour les jus de fruits frais, elle me propose de l’accompagner, rieuse et spontanée.
Je suis bien, comme enveloppée de la douce brise des ventilateurs, l’odeur du figuier, celle des frangipaniers. Un peu plus loin, la mélodie entêtante du Gamelan, le ronronnement des scooters, le babillage des enfants , les coups secs de la machette qui tranche et hache les légumes.
Et encore partout, partout ces marques de foi, les étoffes qui drapent les statues, entourent les esprits, les offrandes pour contenter chaque Dieu, les petites ombrelles dont l’ombre tutélaire nous protège et cette manière prévenante et douce d’être au monde.
Retour à Keliki en scooter, avec Nyoman, toujours exact, et son sourire toujours le précède, thé et papotage à Keliki, les nouvelles du jour, les projets du lendemain, la douceur du moment présent.
Wayan Tara, ce soir, nous emmène voir le spectacle de danse Kecak* au temple du village de Junjungan.
Nous sommes moins d’une douzaine de touristes, trônant sur quelques fauteuils en plastique face au Temple.
Dans la pénombre, sur le côté, les villageois petits et grands, sont venus assister au spectacle.
Ambiance et chant envoûtants, la grâce des danseuses s’oppose au grotesque des démons, le bien et le mal s’affrontent dans une débauche de gestes, d’incantations et de symboles,
* La danse kecak raconte un épisode du Ramayana, le récit épique hindou, au cours duquel l’armée des singes commandée par Hanuman aide Rama à délivrer son épouse Sita, prisonnière de Ravanna, le roi de Lanka, qui l’a enlevée.
Les danseurs sont assis en rond, autour d’un feu, et produisent eux-même le rythme de la danse, en poussant des ‘tchac – tchac – tchac’ immitant le cri des singes, et qui donnent son nom à la danse : la kecak.