Terminal de Retiro, toutes les compagnies, les destinations qui font rêver, l’interminable ballet des autobus, des mendiants, passants et voyageurs dans un grand fouillis bruyant. J’attends l’heure du départ, l’autocar Flecha Bus arrive et repart, sans presque s’arrêter, pour traverser la nuit, il fait frisquet sous la clim, envie de dormir et le sommeil ne veut pas de moi. Petit matin avec vue sur la pampa, bétail clairsemé, un gaucho au galop, un portail isolé mais nulle bâtisse à perte de vue, quelques bouquet de fleurs d’un jaune délicat et pimpant, des arbustes cotonneux, l’envol de quelques beaux oiseaux et l’horizon si loin…
Seule touriste débarquée à Mercédès, je ne peux pas partager la course facturée 100 US dollars par « el senor Manzon » alors longue attente pour le collectivo à 30 pesos et 3 h et demie de cahots sur la piste.
Un cafe con lecce au buffet de la gare, où je peux déposer mon bagage pour arpenter le nez au vent Mercédès mignonne ville basse et colorée, une petite musique sur le brouhaha de la rue, gauchos isolés sous leur grand chapeau ou leur béret et toujours les chiens indolents qui partagent un bout de chemin.
Pas de poussettes pour les bébés, promenés dans les bras. Sortie de l’école en uniforme, blouse blanche sur bleu marine et la cravate.
Le terminal de Mercédès est bien modeste, passage d’autocars à bout de souffle, entre deux longs courriers, bien léchés. Le chauffeur d’une de ses antiquités la démarre à la manivelle, ferme le capot avec un lien de fortune, avant d’embarquer ses passagers encombrés de paquets et voir l’ensemble avancer dans un nuage de poussière tient du prodige.
C’est un bus rafistolé de partout qui dessert la réserve, le chauffeur remplit d’eau un réservoir qui s’empresse de couler par en-dessous, enfile une chemise jaune vif avec des épaulettes marine et or, s’installe sur un siège monté sur ressort tellement la piste est chaotique et pose la sacoche en cuir, où est niché l’indispensable maté, à ses côtés. Il y a les colis sans maître et pas grand monde pour partager le trajet… Je m’émerveille de voir mes premiers nandous par la fenêtre.
Arrêt près d’un kiosko au milieu de nulle part, pipi du chauffeur sur le bord de la route avant de reprendre la piste poussiéreuse, où nous regardent passer sans s’émouvoir cerfs des marais et familles nombreuses de Capybaras.
Un pont de bois cliquetant sous les roues nous amène au minuscule village d’Esteros del Ibera blotti entre ciel et eau, les îles flottantes et les oiseaux.
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Détails pratiques / budget
Deux compagnies desservent Mercédès (Corrientes) la petite ville la plus proche de la réserve Esteros del Ibera,
Flecha bus quitte la gare de Retiro vers 21 h et arrive à 6 h du matin (310 pesos l’aller simple)
pour rejoindre la réserve (120 km de piste) le trajet en 4×4 coûte 800 pesos, celui en « collectivo » 30 peso… mais il y a un seul départ à midi et demi.
pour quitter la réserve le collectivo part à 4 h du matin ! (en fait ce bus est destiné aux habitants qui partent tôt faire leurs emplettes en ville et rentre en début d’après midi…)
pension complète / 3 excursions à la posada Ypa Sapukai (5 chambres au milieu d’un joli jardin) 2 nuits et 3 jours pour 1800 pesos
On peut trouver des « hospedajes » des « comedor » et des excursions organisées de façon indépendante, sur place, à des prix inférieurs (environ 150 pesos la nuit, entre 80 et 150 pesos l ‘excursion) renseignements à l’entrée du village, au minuscule office de tourisme.