Puerto Iguazu

Creux du voyage, grosse fatigue, il fait très lourd, la chaleur colle au corps et au cœur.  Fait brièvement connaissance avec mes compagnes de chambre, deux jeunes femmes, colombienne et portugaise et une japonaise de mon âge, encombrée de bagages,  tout ses  cosmétiques, ses petites mixtures magiques dans des sachets colorés.  Elle me demande dans un drôle de mélange de langues si cela ne me dérange pas de voyager seule et avoue qu’elle-même est effrayée, la solitude en voyage n’est pas japonaise ! mais elle ose quand même – pendant 3 mois tout de même – Alors elle partage ses journées, au gré des rencontres, avec ses autres compagnes de chambrée.

Réveillée tôt, pris le premier bus pour les cataractes, le premier train pour la gorge du diable (irrésistiblement attirant ce gouffre bouillonnant), admiré les jote negra chahuter dans les chutes,

La gorge du Diable

La gorge du Diable

Posée sur un banc, pour grignoter, cela n’a pas échappé à ce bel effronté gourmand, prêt à partager…

Effronté

Effronté

Arpenté le circuit du bas, le circuit du haut, rêveuse, plus intime la compagnie des cataractes que du côté brésilien, la forêt plus présente, cette vie qui grouille cachée danses le feuillages de mille nuances de vert du sentier Macuco. Retournée au parc de nuit, sous la lumière de la pleine lune, la nuit claire en lavis de noir et gris m’émerveille,  les bruits de la forêt ont changé et plus impressionnantes encore la gorge du diable toujours grondantes

Argentine octobre novembre 2013 755

Un refuge pour animaux blessés ou soustrait au trafic, a installé ses abris dans la forêt, à Guira Oga, une charrette tirée par un tracteur m’emmène, avec un autre égaré, à la rencontre de chacun des pensionnaires, avec une guide passionnée. A la rencontre aussi, des « monos » en liberté venus rendre visite à leurs congénères convalescents…

Dans ce refuge, on sent le manque de moyen mais aussi beaucoup d’amour pour l’histoire de chacun, blessé par la vie ou les hommes, le désir de rééduquer à la vie sauvage ces animaux perdus. Et c’est ce qui importe, plus que les grillages incongrus dans la forêt, protection plus qu’enfermement, ici.

Arepuca, des troncs centenaires, voire millénaires,  en fin de vie aussi récupérés, pour ériger une réplique géante d’une construction traditionnelle guarani, quelques boutiques d’artisanat, une glace yerba mate / ruella (fleur sauvage des parages) en écoutant gronder l’orage et la pluie tomber drue.

Avant la Tempête

Avant la TempêteArgentine octobre novembre 2013 771

*et puis le vent devient plus violent,  tout s’envole et les branches tombent, la terre semble saigner de toutes ses veines et je me réfugie dans la petite chapelle de bois, à l’abri des foudres du ciel, me décide à partir dans un semblant d’accalmie, repeinte en rouge par les voitures et camions passant à mes côtés dans de grandes gerbes rouges briques.

Encore le terminal des autobus, grincement de la musique, ronronnement des moteurs, les petites mains qui nettoient le rouge sang de la boue, les voyageurs en partance, ceux hagards à l’arrivée, un chien garde le tout un oeil à demi fermé.

Dans le bus les mamans et leur bébé au sein, cabanes misérables sur les bords de la route, des enfants pieds nus dans la boue tendent la main, cicatrices de la forêt éventrée, un toucan s’envole et se pose à portée de regard comme un cadeau.

Et la vie que l’on vit dépend beaucoup du regard que l’on porte sur elle, du désir que l’on a de la faire belle. J’apprends cela aussi en voyageant. Le quotidien est ce qui nous appartient le plus souvent, à nous d’y mettre de la magie, de l’amour et du sens.

Argentine octobre novembre 2013 785

Pause ravitaillement dans un hangar, du côté de Posadas les supermarchés s’appellent « libertad » et puis glisser dans la profondeur de la nuit, photos ratées, photos souvenirs, au petit matin dans la monotonie verte de la pampa parfois l’éclat de l’eau, des oiseaux blancs dedans.

Argentine octobre novembre 2013 789

Le côté coloré du bidonville adossé au terminal de Retiro (pas eu le coeur à dérober l’image des briques crues, de l’entassement des déchets, des ouvertures béantes des constructions inachevées juste à côté)

Arrivée à Retiro (Buenos Aires)

Arrivée à Retiro (Buenos Aires)