Le muezzin s’est-il tu ce matin ou je ne l’ai pas entendu ? Je me réveille tard (5 h 30 !) et le soleil est déjà levé. Fini les voiles roses de l’aube sur le lac, à peine d’oiseaux, mais sur le chemin les écoliers en uniforme et pieds nus, les chiens et les veaux au milieu des coqs et poules, mais l’activité du matin ou le petit café entre hommes sur le gazebo valent bien la promenade matinale…
Un dernier jus de coco blanc laiteux, rires des femmes, murmure des hommes, sollicitation d’un vendeur toute sa boutique sur la tête, les clochettes des cidomos, l’océan ne se lasse pas de sa rengaine, un ferry vient d’arriver, les passagers descendus, ce sont les marchandises qui sont débarquées, petite brise bienfaisante et chant discret des cigales, Lombok au loin dans une blanche brume de chaleur, un vendeur de bijoux, un enfant joue, un homme chante, claquettes dans le sable et saveur suave du jus de coco. Bye bye Gili Meno.
Trajet fast boat avec détour par Lombok. Je retrouve Laurel et Hardy que .j’ai croisés à l’aller, Quelques français avec qui j’échange trois mots. La route me semble longue de Amed à Ubud en passant par Padangbai. Alors je m’enivre des images fuyant à travers les vitres. Les rizières, toujours, les femmes portant leurs offrandes, les truies énormes allongées sur la terre, le sel séchant dans les troncs de bambous creusés, les hommes jouant aux cartes, les petites familles en habits de cérémonie entassées sur un scooter, les cultures et la mer au loin, les volcans sous leurs auréoles de nuage. Nyoman vient me chercher en scooter à Ubud, et je suis reçue comme une princesse à Keliki avec thé, galette de riz offerts par Kadek et Irak et beignets de jaquier, doux et sucré que Raî dépose délicatement devant moi. Toute la famille autour de moi, bienvenue à la maison !
Irak m’emmène à la pêche à l’anguille dans les rizières du bas. Tout près. Mais escalader en tongs les talus et les hautes marches glissantes, ça n’est pas si facile quand on est urbaine ! Irak, pieds dans la boue, son éternel sourire aux lèvres, soulève des mottes et des mottes pour dénicher quelques minuscules anguilles frétillantes qu’il fera frire pour moi tout à l’heure.
Made, la petite Sita dans les bras, passe, lourdement chargée. On cueille les noix de coco pour la cérémonie qui a lieu ce soir au temple du village, célébration de la pleine lune. Raî me prête un chemisier pour aller au temple, j’ai un peu de mal à caser ma poitrine occidentale dans la dentelle balinaise. Les boutons pressions explosent à chaque respiration. Fous rires. Offrande, danse Barong, bénédictions, enfants chahuteurs, petites filles curieuses, anciens au sourire complice, en-cas acheté aux warungs ambulants et dégustation des offrandes en rentrant. La vraie vie. à Keliki.