Excursion au village lacustre de Kompong Phluk

Matinée au vieux marché, se faufiler entre les étals à même le sol, où des mamies vendent entre autre des poissons qui tressautent encore, au milieu de montagne de fruits et de légumes au nom et à l’aspect inconnus pour nous, manucure et coiffeur entre deux étals de bouche, dans un fouillis indescriptible où des odeurs fortes ou subtiles nous submergent dans un vaste et bruyant  remue ménage.

Marchandes de légumes au marché de Siem Reap

Marchandes de légumes au marché de Siem Reap

Rendez-vous en début d’après midi : notre chauffeur de Tuk Tuk (un habitué que nous a conseillé notre hôte à la  Guest House) ponctuel, nous emmène sur la grand route.  Le tuk tuk semble bien frêle dans la circulation (frayeur : on a failli être pris en sandwich entre une camionnette et un autocar !) nous bifurquons heureusement sur une route étroite qui nous mène au groupe de Roluos,  (le plus ancien site de temple. pré angkoriens).

A côté de la route une école  où des orphelins sculptent des reconstitutions de fresques, mais aussi d’ensemble de temples qui donne une idée plus précise des sites du temps de leur splendeur.

Apprentis sculpteurs

Apprentis sculpteurs

Nous visitons le Preah Ko premier temple khmer construit dans la région d’Angkor  et Bakong dédié à Siva, temple montagne khmer dont les escaliers sont gardés par des lions, et les terrasses bordées de monumentales statues d’éléphant

Trois petits enfants livrés à eux même tentent d’y vendre quelques cartes postales, les deux plus grands se cachent ce qui plonge le plus jeune dans un chagrin bruyant, sous l’œil indifférent des buffles pâturant placidement entre les ruines.

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les petits vendeurs de carte postale

les petits vendeurs de carte postale

La route se change ensuite en piste de latérite, bordée de jolies maisons sur pilotis, auxquelles les zébus sont attachés, enfants, poulets et poussins, cochons fouineurs vont et viennent dans notre théâtre de verdure.

Au bout de la piste un embarcadère, où, après s’être délestés de 45 dollars pour nous 3 nous embarquons sur un bateau de bois antique et terriblement bruyant.

10 km de lagune à la teinte saumâtre où les pêcheurs s’activent à demi nus, de l’eau jusqu’en haut des cuisses,  le « capitaine » de notre embarcation est un très jeune homme, plus motivé par la  conversation sur son portable que par le trajet à effectuer,  le bruit du  moteur l’incommode, il s’arrête régulièrement,  et nous sommes ballotés par les vagues que provoquent les autres bateaux qui nous dépassent allègrement, avant d’atteindre le village lacustre de Kompong Phluk.

lumière du soir sur le village lacustre

lumière du soir sur le village lacustre

Pimpantes maisons colorées, vies animée, les petits enfants en groupe sur les barques, les cochons dans des cages suspendues au dessus de l’eau, dont les déjections nourriront les poissons, marché flottant, au loin le lac s’étend tellement que l’on dirait la mer.

Retour dans le soleil couchant, belles couleurs et petit pincement au cœur quand nous reprenons la piste obscure, sur laquelle roulent des vélos et motos sans lumière, déboulent des chiens, des enfants et des poules. La grande route toute aussi sombre n’est pas plus rassurante, mais notre chauffeur est sérieux et conduit bien.

Mo(u)tard(e) à Siem Reap

Mo(u)tard(e) à Siem Reap

fin de séjour à Siem Reap  sur une opération change (première halte manquée à un  guichet où le taux  ahurissant nous fait fuir) et essai de barbecue khmer : c’est  un réchaud individuel, où l’on fait griller viande ou fruit de mer (là, entre autres mets,  serpent coriace et crocodile tendre que l’on a badigeonnés d’œuf cru)  sur une plaque de fer blanc formant dôme au dessus d’un bouillon où réchauffent  les légumes et pâtes. Goût de brûlé de la plaque surchauffée et ambiance sonore un rien agressive nous font rentrer rapidement dans nos appartements.

Excursion à Banteay Srei

Mis le réveil à 5 h pour aller voir le lever du soleil sur Angkor Wat,  je ne suis pas la seule à avoir eu cette idée, une file de tuk tuk, motos et autocars m’ont précédée et suivie  et nous nous serrons dans le noir au pied de la retenue d’eau pur voir surgir le temple des ténèbres. Le soleil ne daigne pas colorer de rose feu le ciel qui reste sans nuance, et la foule omniprésente gâche un peu la solitude du matin ! Heureuse tout de même d’avoir traversé la ville au réveil, tous si matinaux et actifs, tout petits déjà rigolards, papis et mamis affairés,  chiens errants nonchalants…

Côté Pile

Côté Face

Un petit déjeuner au jardin plus tard, nous démarrons pour une longue journée en tuk tuk, à travers les vertes vallées, rizières et palmiers, maisons haut perchées sur leur pilotis, buffles impassibles, petits enfants joueurs, commerces minuscules, travaux des champs, décor bucolique d’un autre temps.

En route vers Banteay srei, travaux des champs

En route vers Banteay srei, travaux des champs

Nous faisons halte dans un petit marché du bord de route où accroupies auprès de chaudrons bouillonnant au-dessus d’un feu de bois, les femmes fabriquent des bonbons au sucre de canne, dont j’achète trois petits paquets emballés dans des feuilles tressées, j’achète aussi un petit pilon de bois de cocotier à une vieille dame édentée, entourée d’enfants curieux des étrangers que nous sommes.

un gros chagrin

un gros chagrin

Visite du  Banteay Srei (fondé en 967) à 30 km au nord de Siemp reap  rendu célèbre par l’aventure de Malraux qui, à 22 ans y déroba un bas relief. Baptisé la citadelle des femmes, le temple est entièrement recouvert de scènes mythologiques  sculptées avec des finesses de dentellière dans du grès rose, une caresse pour le regard.

croisement de tuk tuk sur la route entre Siem Reap et Banteay Srei

croisement de tuk tuk sur la route entre Siem Reap et Banteay Srei

De nouveau la route toute brodée de nuances de vert, jusqu’à un petit resto caché sous un toit de paille où nous déjeunons simplement avant d’entamer une belle grimpette à travers la jungle jusqu’à une cascade,  Kbal Spean, dont la modestie nous étonne jusqu’à ce qu’une jeune femme nous emmène découvrir d’émouvantes sculptures à la symbolique spirituelle sous le tumulte du torrent ou sur ses rives de pierre…

Nous finissons la journée par une visite au Ta Prom, entre les griffes des monstrueuses racines des arbres, atmosphère étrange dans les cris fous des oiseaux, le soir s’en vient et c’est presque inquiétant ce dédale surdimensionné envahi par la nature puissante  où il serait si aisé de se perdre

Les griffes des arbres

Les griffes des arbres

Fin de la journée en beauté : la foule applaudit une éclipse de lune sur le vieux marché animé par le bazar de nuit,.

Musée National, Angkor Thom, The Bayon, Angkor Vat

Un petit enfant nu sur le balcon d’en face joue avec un chiot en poussant des cris de joie, tandis que nous prenons notre petit déjeuner, thé, pain grillé et salade de fruit frais. Puis tintamarre et flonflons une procession passe sous le balcon de la chambre plus grande que nous avons choisie tout en haut du manoir.

le petit marchand au coin de la rue

le petit marchand au coin de la rue

Nous allons à pied au Musée National, en nous perdant un peu, les petits commerces de guingois sur le pilotis, les enfants pieds nus dans la boue, les vélos et motos soulevant la poussière, tout l’apparat de la misère à côté de la rivière fait place à des parterres bien verts, de superbes massifs fleuris autour de bâtiment pimpants. On trouve au musée les trésors des temples, mille bouddhas et statues d’Apsaras (danseuses célestes) écriture sanscrit, dans une mise en scène et en lumière sereine.

dans la rue qui mène à notre guest house

dans la rue qui mène à notre guest house

un choeur de pierre

un choeur de pierre

Une petite pause déjeuner pour 3 dollars chacun au vieux marché, avant d’embarquer à bord du tuk tuk qui va nous emmener au temple d’Angkor Thom,  puis The Bayon visages géants dont le regard porte si loin dans un autre espace temps et terrasse des éléphants, celle du roi lépreux. Devant tant de grandeur, s’incliner.

Angkor Vat est en travaux, ce qui lui donne une drôle d’allure sous son couvre chef vert,

Et puis Angkor Vat est submergé par des vagues de touristes en car,  minibus, tuk tuk, motos que convoitent d’innombrables vendeurs de babioles souvenirs qui enlèvent un peu de la magie des lieux.

Petite fille

Petite fille

Et c’est la fin de la journée, alors nous apprécions un peu trop rapidement les kilomètres de fresques toute en finesse qui relatent batailles et victoires et triomphes et domination de cet empire ancien.

sur le chemin de la guest house, la petite fille et les chiens

sur le chemin de la guest house, la petite fille et les chiens

Arrivée à Siem Reap

55 minutes à survoler le Cambodge inondé, vastes étendues liquides, on éprouve du regard ce qu’a pu être le désastre !

Déjà l’aéroport de Siem Reap tout mignon dans un écrin de verdure, il faut y patienter pour se faire établir un visa, contre 20 dollars US, une photo et nos empreintes digitales.

survol du Cambodge inondé 1er décembre 2011

survol du Cambodge inondé 1er décembre 2011

Une aimable dame appelle notre guest house, le River Manor Hôtel qui nous envoie un tuk tuk dans lequel nous entassons nos bagages, bel exercice d’équilibre et de maîtrise pour notre chauffeur !

Première vision de Siem Reap verte et bigarrée, passés les hôtels anonymes de l’avenue qui mène de l’aéroport à la ville, nous longeons la rivière teintée de boue, le long de laquelle se pressent des maisons sur pilotis, baraques ou cabanes, c’est selon. Un peu boutique aussi quand c’est possible. Toutes de guingois et accusant le poids des ans.

Notre guest house, dont le propriétaire est australien  (cherchez l’erreur),  est installée dans un manoir à l’ancienne, un imposant escalier de bois vernis mène aux chambres au charme un rien désuet. Un perroquet bavard monte la garde.

ah mon beau sapin à Siem Reap

ah mon beau sapin à Siem Reap

Une abondante pluie de mousson trempe notre départ vers le vieux marché, où nous nous désaltérons d’un jus de coco (une calotte tranchée dans la noix et une paille pour boire le jus) en nous délectant des couleurs locales, oh ces enfants émerveillés à demi nu devant un sapin de noël ! Un peu trop de mendiants, de marchands mais cela fourmille et c’est vivant, belle architecture coloniale aux tons vifs ou pastels…

Le tuk tuk et son chauffeur sont à notre disposition pour quelques dollars (ce qui compte pour le tarif, c’est la distance, plus que le temps passé) et nous emmène acheter  notre forfait pour l’entrée dans les temples. (un forfait 3 jours = 45 dollars, en l’achetant en fin d’après midi  la veille du 1er jour de validité on peut commencer à l’utiliser le soir même)

dans la cour du River Manor Hôtel notre tuk tuk a mis sa protection contre la pluie de mousson

dans la cour du River Manor Hôtel notre tuk tuk a mis sa protection contre la pluie de mousson

Une piste de latérite brodée du vert intense de la forêt  conduit au temple de Pre Rup, et nous grimpons une à une les marches géantes pour contempler le coucher du soleil sur la jungle et les temples fatigués de porter tant d’années, atmosphère irréelle et magique.

Sur les conseils de notre hôte, nous dinons dans un restaurant de bonne cuisine khmère, havre de lumière perdu dans le noir.

Le restaurant est à proximité de la guest house mais il fait si nuit que nous empruntons un  tuk tuk qui slalome avec virtuosité dans une boue glissante entre d’énormes creux remplis d’eau, pour nous mener à bon port.

petit clin d’œil enfantin, complicité joueuse

petit clin d’œil enfantin, complicité joueuse

Sur les tables l’aérosol anti moustique et dans nos assiettes, crevettes en pétard, brochettes au poivre de Kampot et calamars acoquiné avec des branches vertes encore de ce  même poivre parfumé et piquant.

Le diner fini, notre chauffeur reviendra nous chercher, pour le même prix, et à l’abri nous entendrons une bonne partie de la nuit la pluie qui chantonne et  noie le pays dans sa boue rouge.