Lever tôt pour une ballade en long trail dans les Khlongs, on accède à l’embarcadère à la station Saphan Taksin du skytrain et les tarifs sont fixés d’avance, le trajet en principe aussi, mais les innondations récentes sont un bon prétexte pour l’écourter, pour le même prix (1200 baths, une grosse somme ici !).
Les khlongs charrient branches cassées et déchets en tous genres entre les immeubles flambant neuf et les baraques brinquebalantes, haut perchées sur leur pilotis ou à ras des flôts saumâtres, une petite mamie fait sa lessive, une autre nous accoste de sa modeste embarcation, nous lui achetons une bouteille d’eau, le bric à brac très plastique kitsch en guise de souvenirs ne nous séduit pas vraiment ! un peu plus loin un varan avance lourdement à la rencontre d’une aigrette incroyable de blancheur, les dos brillants de carpes koï près d’un temple, le dos doré d’un bouddha.
Nous écourtons notre ballade en bateau pour visiter le Wat Arun, temple de l’aube. Je grimpe les marches raides pour voir la vie d’ici-bas, d’en haut. Tout tapissé de porcelaine multicolores, de haut en bas, apsaras et guerriers chacun chez soi, sublimés par la lumière de ce jour là …
Un bac nous emmène de l’autre côté de Chao Praya River, et nous errons dans ce qui doit être les halles de Bangkok, mille petites mains affairées à trier, trancher, couper, emmailloter les légumes, légumineuses, piments, fleurs … Les porteurs fendent l’air avec leurs grands paniers d’osier posés sur un diable, délicieuses odeurs d’herbes aromatiques et fétides odeurs de poisson se côtoient.
Un aimable monsieur entame la conversation et nous concocte un petit tour spécial attrape gogo, de mèche avec un jeune conducteur de tuk tuk qui va nous emmener, pour 50 bath (un peu plus d’un euros) nous rassasier d’une soupe de nouilles (moins d’un euro) et nous emmener pour « le plaisir des yeux » dans un genre de temple un peu particulier, dédié aux pierres semi précieuses montées en bijou de mauvais goût, le jeune homme nous demande de nous attarder un peu, pour qu’il puisse bénéficier d’un bon d’essence (c’est le deal, apparemment…) avant de nous emmener vers le temple du Bouddha chanceux, puis au quartier chinois où V. se fait couper les cheveux par une petite mamie joyeuse, dans le décor vénérable d’un coiffeur à l’ancienne, le Roi, Bouddha et des oiseaux de porcelaine partagent la vedette avec une télé allumée, au milieu d’un fouillis d’idéogrammes, de plantes et de tout un tas de fiole au contenu indéterminé.
Un vieux monsieur entre, auquel une des dames présente une petite serviette humide avec laquelle il s’essuie consciencieusement le torse et les aisselles, avant de disparaître, soutenu par elle, dans l’arrière boutique…
Un massage des pieds et un repas peu convaincant plus tard, retour dans nos pénates.
Voila le dernier jour, cartes postales, déjeuner sous les manguiers d’un paisible jardin naufragé au milieu de la cohue, 4 chemises de soie sous le bras, le tailleur vient procéder aux derniers essayages pour V. transfert au « convenient hôtel » proche de l’aéroport, où je m’abandonne aux mains expertes d’une dame qui dénoue chaque muscle de mon corps dans un bienfaisant massage à l’huile (rien à voir avec les toniques massages thailandais et autres massage des pieds, assez surprenants … et vivifiants).
La nuit est brève, dans la chambre à côté des hommes parlent et rient trop forts, oublient de dormir, à l’aube, il faut pourtant partir.